Millésimes

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2021

Après la spontanéité exubérante des 2000, 2001 revient à un style plus classique, plus retenu, mais sans doute plus bourguignon. 2001 se distingue du millésime précédent par une meilleure acidité, garante de la fraîcheur du fruit comme de la longévité, il s’enrobe de tanins mûrs et ronds, et brille par une finale soutenue et dynamique. Un millésime de grande garde, avec un fort potentiel de développement, mais déjà expressif et sans austérité. (mai 2003).
Au début de ce mois de septembre 2001 le ciel est resté couvert, et beaucoup de vignerons commençaient à montrer des signes d’inquiétude. Nous étions pourtant confiants, après avoir passé dans les vignes une bonne partie du mois d’août sous un soleil brûlant pour retirer les grappes en excédent (ce que nous appelons les vendanges vertes). Les conditions en août étaient excellentes et la fraîcheur sèche du mois de septembre, si elle a limité la richesse en sucre, a permis de conserver une finesse et une richesse aromatique beaucoup plus précieuses.

Premières impressions
En fin de fermentation les vins présentaient une couleur profonde, beaucoup d’énergie, aucune lourdeur, une expression aromatique profonde et complexe. « Aristocratique » est le qualificatif qui m’est venu à l’esprit pour résumer ma première impression sur ce millésime.

Premières impréssions
Quelques mots pendant que les fermentations se poursuivent :
Année sèche, fraîche et ensoleillée. Des vignes saines. Des conditions de vendange parfaites : fraîcheur et sécheresse. Nous avons commencé samedi 21 septembre et terminé jeudi 26.
Les raisins sont sains, avec des pellicules épaisses et colorées. Excellente richesse en sucre, parmi les meilleures des dix dernières années. L’acidité est assez soutenue, mais comme elle est largement constituée d’acide malique, elle devrait chuter après les fermentations secondaires.
L’ensemble est extrêmement prometteur et laisse prévoir un millésime de grande garde.
(2 octobre 2002)

Vendanges
Début de vendanges lundi 1er septembre, fin jeudi 4. Conditions idéales, temps ensoleillé et frais. Petite récolte : la moitié de la précédente.
Le ban de vendanges (ouverture officielle) a été fixé à la date, jamais vue, du 19 août. Les records précédents à Chambolle-Musigny étaient le 25 août 1822 et le 28 août 1719 (d’après le livre de référence du Dr Lavalle).
Les raisins exposés au soleil ont souffert, beaucoup ont séché, et la maturation des pellicules, donc des tanins, a été ralentie par la sécheresse. Il était donc indispensable, d’une part d’éliminer par un tri soigneux tous les grains secs, d’autre part de se baser davantage sur la dégustation des raisins et particulièrement des peaux plutôt que sur l’analyse des jus pour décider de la date de vendange.
(6 sept. 03)

Un long projet
Nous arrivons ces jours ci à l’aboutissement d’un long projet. Le Clos de la Maréchale 2004, premier millésime d’une nouvelle lignée, sera mis en bouteilles dans les tous prochains jours. Notre travail sur ce millésime s’achève là, et je suis tenté de me laisser aller à regarder avec une certaine satisfaction le chemin parcouru. Mais au bout du compte c’est vous qui serez les ultimes juges de notre travail.
Ce qui est déjà clair, c’est que dans une année 2004 qui ne pardonnait aucune impasse ou approximation au niveau de la viticulture, notre nouvelle équipe, largement renforcée, a pu contrôler la vigueur inhabituelle des vignes et les maintenir dans un excellent état sanitaire. Les conditions météorologiques idéales qui ont ensuite duré de la deuxième quinzaine d’août jusqu’aux vendanges ont alors permis aux raisins d’atteindre une maturité parfaite tout en gardant l’éclat d’un fruit mûri sous un climat frais. Il en résulte des vins vivants, complets et typiques. (Mai 2006)

Le Millésime parfait ?
Les 2005 présentent une grande profondeur, une texture plus proche du velours que de la soie, mais aussi une délicatesse et une fraîcheur d’arômes éclatantes qui leur donnent gaieté et élégance. Ces qualités souvent contradictoires sont cette fois-ci intégrées en complète harmonie dans un vin parfaitement uni, lisse et rond, mais pourtant très vivant. Tout est là pour rendre ces vins à la fois extrêmement séduisants dès aujourd’hui, mais aussi prometteurs pour l’avenir.
Peut-on alors parler de millésime parfait ? Dans un sens, oui. Mais le vin relève pour moi plus de l’émotion que de la technique, et j’ai du mal à associer perfection et émotion. Alors, en cherchant bien, que peut-il bien manquer, au stade actuel ? Peut-être justement une imperfection charmante, une touche de folie… Mais je ne doute guère que ces vins, à l’âge adulte, sauront nous étonner.
(avril 2007)

Si 2005 mérite pleinement sa réputation de millésime d’exception, je dirais que 2006 est lui un millésime de référence, par sa typicité et son classicisme.
Un millésime des plus bourguignons, toujours entre soleil et pluie, de ceux qui font monter l’angoisse du vigneron, avec la crainte des maladies et la lente maturation des raisins. On aurait voulu plus de soleil cet été-là, mais on aurait eu tort, une fois de plus. Car au bout du compte il n’y a vraiment rien à changer : Les vins sont absolument complets, distingués, très purs, d’une profondeur proche des 2005, moins lisses, moins polis, plus nerveux, mais aussi plus éclatants, plus vibrants, plus dynamiques.
J’avais compris depuis longtemps que les « mauvaises » herbes n’étaient pas toujours mauvaises, l’expérience me prouve année après année que le « mauvais » temps n’est pas toujours mauvais non plus…
(mai 2008)

Fin d’élevage
Après deux millésimes structurés et de très longue garde vient 2007, tendre et souple, mais intense et complet, avec un fruit charnu et précis. Un millésime de gourmands plus que de collectionneurs, des vins ouverts, gais, généreux, qui devraient évoluer avec régularité sans connaître les passages chaotiques et souvent frustrants par lesquelles passent souvent les millésimes plus tanniques.
(Mai 2009)

Eclatants, vibrants, aériens…
Nous nous rappelons 2008 comme un été particulièrement froid et pluvieux, comparable à ceux qui, il y a vingt-cinq ans, nous aurait fait vendanger vers le 10 octobre des raisins à peine mûrs. Pourtant, en 2008 c’est le 27 septembre que nous avons commencé à vendanger, et les raisins ne manquaient pas de sucre. Qu’est-ce qui a changé ?
Les années froides le sont aujourd’hui moins qu’avant, particulièrement les hivers et les nuits, mais c’est surtout notre façon de travailler les vignes qui a changée : les sols qui revivent, la taille et le palissage plus soignés amènent une maturation des fruits plus précoce et plus complète.
Bien sûr nous étions tout de même inquiets. Une journée de soleil en moins, une journée de pluie en plus auraient pu gâcher la fête. Mais je sais par expérience que, au bout du compte, c’est dans ces situations climatiques délicates que notre cépage peut donner les vins les plus attachants : éclatants, vibrants, aériens, floraux, spirituels… Magiques.
C’est le cas de 2008.

Millésime solaire malgré un début d’été pluvieux, marqué par une fin de saison remarquablement chaude et ensoleillée. On a tendance à décrire ce type de millésime comme « facile » pour les vignerons, mais ce n’est pas aussi simple que cela paraît. Bien sûr, le travail des vignes est moins difficile et ingrat sans l’angoisse des maladies, mais ces situations de plus en plus fréquentes dans lesquelles la maturité des raisins progresse très vite (trop vite ?) amènent d’autres questions : d’abord celle du choix délicat de la date de vendange, mais aussi des interrogations plus profondes sur la nécessité de faire évoluer nos méthodes de culture pour nous adapter aux changements de comportement de nos vignes.
Les vins sont étonnamment puissants et chaleureux, mais aussi énergiques, sans aucune trace de surmaturité. Je n’ai pas de doute sur leur potentiel de vieillissement remarquable, et ceux qui préfèrent la finesse à la puissance auront tout à gagner à une longue patience.

Purs, lumineux, éclatants, vibrants, les 2010 ont toutes les qualités des raisins lentement mûris sous la fraîcheur de septembre, comme les 2008 ou les 2001. Mais ils ont comme qualité supplémentaire une plénitude de texture que l’on ne rencontre normalement que dans des années chaudes, et qui donne à ce millésime un caractère exceptionnel.
Il y a un secret : au grand désarroi des vignerons inquiets pour leur récolte, la période de floraison s’est déroulée sous un temps froid et pluvieux qui a apporté coulure et millerandage. Si la coulure ne provoque qu’une perte de volume, le millerandage produit des baies à peau épaisses, de petite taille et souvent sans pépins qui apportent, à pleine maturité, une qualité particulière de tanins, souples et veloutés.

La contrepartie, vous le savez déjà, c’est malheureusement une récolte peu abondante particulièrement pour l’appellation Chambolle-Musigny (« village »).

J’emprunterai cette année à Allen Meadows (burghound.com) les mots pour décrire, bien mieux que je ne le ferais, ce millésime :
« Bien que la récolte de 2011 ait plusieurs qualités très intéressantes, celle que je trouve la plus fascinante est la qualité de la maturité phénolique combinée avec un faible niveau de sucre.(…) Ceci conduit à des textures suaves et séduisantes, évitant toute impression de lourdeur grâce à une bonne fraîcheur et à une pointe d’acidité qui équilibre la finale. Ce caractère séduisant est particulièrement mis en valeur par le fait que la structure est portée par des tanins qui sont non seulement mûrs mais d’une finesse de grain exceptionnelle. »

Le plaisir attendu sera néanmoins un peu tempéré par le faible volume de la récolte, conséquence principalement du mauvais temps survenu pendant la floraison.

Ce millésime réunit des qualités habituellement contradictoires : la pureté, la tension, la précision, la fraîcheur de fruit des années froides et tardives mais en même temps la profondeur de texture que l’on rencontre plutôt dans des années plus précoces.

Son seul défaut est une nouvelle fois de ne pas nous avoir donné une récolte très abondante.

2013 est un millésime de caractère, surprenant par l’alliance de sa rondeur de texture et d’une fraîcheur vigoureuse. Il est certainement digne d’un long vieillissement.

Les quantités sont limitées mais c’est grâce aux faibles rendements que cette année froide a pu produire des raisins parfaitement mûrs.

Les 2014 sont des vins ravissants, lumineux et gais.

Issue d’une petite récolte, c’est un millésime qui répond en tous points à la définition d’une grande année, mais il ne s’exprimera sans doute pleinement qu’après un long vieillissement.

Pour ce miracle, soyons patients.

Les vins de 2016 réunissent deux qualités habituellement incompatibles : une grande maturité, assurant profondeur et longévité, et une fraîcheur remarquable. Le choix sera difficile entre les déguster relativement jeunes et les laisser grandir…

Il y a une grande nouveauté cette année : La cuvée de Chambolle-Musigny est très particulière, d’une part parce qu’elle est rare, produite en très petite quantité mais surtout parce qu’elle est composée d’un assemblage inhabituel de parcelles comprenant le premier cru « Les Plantes » et des secteurs de grand cru ayant spécialement souffert du gel. Cette cuvée d’une puissance inédite s’appellera Chambolle-Musigny « Trente-Deux », en référence à ma trente-deuxième vendange.

Mon souvenir de 2017 le plus marquant est l’aspect visuel parfait des raisins au moment de la vendange.

Le pinot noir est un cépage très fragile et il est bien rare au moment de la vendange que toutes les grappes aient la perfection des raisins de table à l’étal du marchand de primeurs. J’ai pourtant toujours résisté à la pratique de trier les raisins sur table lors de leur réception à la cuverie. Je ne veux pas reproduire dans mon petit artisanat les méthodes de production industrielle autour des chaines d’assemblage, et je préfère apprendre à chacun de mes vendangeurs à éliminer eux-mêmes les verjus, les baies botrytisées ou échaudées, bref, pour être plus facilement compris, tout ce qu’ils n’auraient pas envie de manger…

Cette année 2017 avait été douce, suffisamment sèche et ensoleillée, mais pas trop, la vigne s’est développée dans le climat équilibré qui lui convient le mieux et pour la première fois je n’ai pas eu besoin d’expliquer aux vendangeurs leur travail, car il n’y avait rien à enlever.
Et tout naturellement, les vins de ce millésime, loin de tous les excès, expriment une harmonie joyeuse et une fraîche élégance.

Encore une année marquée par les aléas climatiques extrêmes , nous nous souviendrons des violents épisodes de grêle sur le Clos de la Maréchale.
2018 est assurément un grand millésime qui n’exprimera sans doute pleinement la complexité de nos terroirs qu’après un long vieillissement.

Dans la plus grande partie de l’Europe, on se souvient de 2019 comme l’année où tous les records historiques de chaleur ont été battus au cours de deux épisodes de « canicule » à la fin des mois de juin et de juillet. Le thermomètre a frôlé ou dépassé 40°C sur presque toute la France, avec un record absolu de 46°C dans l’Hérault.
Pourtant les statistiques complètes montrent que cet été 2019, bien que plus chaud et plus sec que la normale, a profité d’un climat en moyenne un peu plus modéré que les années qui l’entourent, 2018 et 2020. La température moyenne a été légèrement inférieure, et des averses, faibles mais assez régulières tout au long de la saison, ont permis aux vignes d’éviter les situations d’extrême sécheresse rencontrées certaines autres années et de supporter avec peu de dommages les épisodes de canicule.

Cette (très relative) modération du climat s’exprime dans le caractère des vins, profonds, pleinement mûrs et pourtant frais, fluides, fleuris. Le millésime saura se développer très longtemps en bouteilles mais devrait néanmoins exiger moins de patience que les années voisines.

Le fait marquant de cette année 2020 est que pour la première fois historiquement, nous avons achevé les vendanges au mois d’août.
Je vais m’abstenir de m’épancher sur les inquiétudes que cela soulève pour l’avenir, mais je dois constater que le millésime présente beaucoup de qualités que je n’attendais pas : la richesse du fruit mûr est équilibrée par une énergie affirmée, la texture est veloutée, sans astringence, relevée par des tonalités épicées. Ces vins sont bâtis pour durer éternellement en s’affinant lentement au fil des années.

2021 est encore une petite récolte, cette fois-ci à cause du gel de printemps qui, par coïncidence, avait également frappé en 2016, mais limitant essentiellement son impact cette année au Clos de la Maréchale blanc, ne nous permettant de produire qu’environ un quart du nombre habituel.

Par contraste avec 2020, ce millésime 2021 relève clairement de la catégorie des années froides, synonyme de finesse et d’expression florale, mais il appartient aussi au XXIème siècle par le velours de la texture reflétant un travail à la vigne beaucoup plus soigné que jadis.