Le mois d’août 2022 commençait mal. Il n’était pratiquement pas tombé une goutte de pluie depuis la fin juin et sur les treize premiers jours du mois, un seul n’avait pas dépassé 30°C, le plus chaud atteignant 38°C. Les vignes souffraient, bloquant leur métabolisme pour limiter leur besoin en eau, et les raisins ne mûrissaient pas. Par tempérament et par éducation (d’ingénieur et d’aviateur) je suis porté à envisager les évènements défavorables afin de m’y préparer et de n’avoir que de bonnes surprises. Ainsi, je craignais un millésime monstrueux, lourd, sans fruit, chargé d’alcool et de tanins verts. La bonne surprise vint avec quelques petites averses, bien modestes mais suffisantes pour rafraîchir et requinquer spectaculairement les raisins avant les vendanges du premier septembre, et renverser mes craintes.

Mois après mois, l’élevage a achevé de mettre en place ces vins au profil clairement moderne, bien différents des années de ma jeunesse, mais étonnamment séduisants par leur éclat, leur énergie et leur plénitude.

Le dérèglement climatique m’effraie profondément, il bouleverse et menace notre métier mais jusqu’à présent, il ne nous interdit pas (encore ?) de produire chaque année des vins de caractère et de plaisir. De plus il nous stimule en nous poussant à imaginer de nouvelles méthodes. Mais ceci est une autre histoire.