Masanobu Fukuoka est un ingénieur agronome qui, dans le Japon matériellement et moralement ruiné de l’après-guerre, part vivre en ermite dans la montagne. Pour faire pousser, seul, de quoi manger, il va inventer, en opposition à son éducation et à toute son expérience antérieure, ce qu’il appelle « l’agriculture sauvage ».
On imagine bien que la culture du riz est l’une des plus exigeante qui soit en termes de travail humain, d’eau, d’engrais etc…
Fukuoka va démontrer, patiemment, qu’on peut obtenir des récoltes très honorables sans terrasses inondées, sans repiquage, sans désherbage, sans engrais et surtout sans labour. Cela demande de penser différemment, d’imaginer ou de retrouver toutes les solutions qui permettent de recréer un éco-système complexe, d’associer les plantes entre elles par des successions de cultures adaptées, d’inventer une multitude « d’astuces » pour protéger les cultures de la sécheresse, des maladies, des « mauvaises » herbes, des oiseaux, des rongeurs.
Intervenir le moins souvent et le plus légèrement possible, orienter la nature avec tact puis la laisser travailler. Ni labour ni labeur. C’est ainsi que « l’agriculture sauvage est douce et facile ».
Cette agriculture sauvage est bien sûr en bonne partie à l’origine de l’agriculture biologique. Mais le « bio » en devenant une norme et un label, se condamne à des simplifications caricaturales et fait perdre de vue l’essentiel, qui est l’esprit.
Le travail de Fukuoka, lui, se nourrit de la conception taoïste du monde selon laquelle l’homme n’est ni au centre de la nature, ni au-dessus, ni en-dessous, ni à côté. L’homme est l’un des « dix mille êtres » qui peuplent l’univers, indissociable de la nature, ni plus ni moins indispensable que chacun des autres êtres.